Procrastination productive : quand ranger ses mails vaut mieux qu’écrire
- contact115609
- 12 déc.
- 2 min de lecture

Chères lectrices, chers lecteurs,
Hier, j’ai eu une journée d’écriture très productive.
J’ai trié mes mails de 2018 (oui, c’est possible), renommé 15 fichiers avec des intitulés dignes d’un thriller psychologique .“vraie version finale def".
Puis, j’ai relu mes mails de 2018 avec nostalgie. (Oui, on est sur une fuite de haut niveau).
Bref, j’ai tout fait, sauf écrire.
Et c’est là que je me suis demandé : pourquoi est-ce que parfois, quand on a enfin du temps pour créer, on le passe à ranger nos icônes de bureau par couleur ?
Dans mon cas, je crois que c’est l’effet rebond d’une superbe masterclass avec Frédéric Krivine (merci à Séquences7 et La Guilde française des scénaristes). J’y ai retravaillé un projet de série qui était “bipolaire” en 72 heures chrono…autant vous dire que mon cerveau ressemble à une purée tiède et avait besoin d'une pause.
Donc hier c’était, bienvenue dans ce que j'appelle la procrastination productive. Ce moment magique où l’on repousse le cœur du travail en se noyant dans des à-côtés qui donnent l’illusion d’avancer.
Et dans ce domaine, je suis experte. Parfois même, j’écris sur le fait de ne pas écrire (comme maintenant). C’est dire.
Mais dans une boîte mail, on peut “traiter”, “supprimer”, “classer”, “répondre”. Il y a une forme de contrôle rassurante.
Dans l’écriture, il y a l’inverse : de l’inconnu, du doute, de l’élan fragile. C’est le royaume de “je ne sais pas encore ce que je vais dire”, ce qui, avouons-le, est un peu angoissant quand on est payé pour le dire clairement.
Steven Pressfield, dans The War of Art, appelle ça “la Résistance” : cette force invisible mais ultra organisée qui surgit pile quand tu t’apprêtes à créer quelque chose de vrai. Elle t’offre des idées brillantes du genre : Et si tu regardais tous les making-of de séries Netflix avant d’écrire la tienne ?
Ou encore : Tu ne peux pas écrire sans avoir d’abord désinfecté ton clavier.
Parmi mes ruses préférées :
- Refaire 36 versions de mon CV alors que je n'ai pas besoin de l'envoyer.
- Lister les meilleurs prénoms possibles pour mon personnage principal au lieu d’écrire… une seule ligne de dialogue.
Mais au fond, est-ce si grave ?
Peut-être que ces rituels inutiles sont juste des manières déguisées de se mettre en condition. Comme mon chat qui tourne trois fois avant de se coucher, on prépare le terrain.
En vrai, je crois qu’on oublie trop souvent que commencer à écrire, c’est accepter de ne pas savoir où on va.
Beaucoup de projets qu’on aime ont commencé dans ce flou.
Phoebe Waller-Bridge a écrit Fleabag à partir d’un monologue de dix minutes.
Charlie Kaufman (Adaptation) a passé des mois à souffrir de ne pas réussir à adapter un livre… et c’est devenu le sujet du film.
Moralité : vouloir que tout soit clair, logique, validable avant de commencer… c’est le meilleur moyen de ne jamais s’y mettre. Parce ce qu’on écrit pas comme on trie ses mails, mais comme on vit.
Et vous, êtes-vous adepte de la procrastination productive ?







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